Armel TEXIER

Propriétaire et Conteur

Armel est propriétaire Gîtes de France® depuis 2005. Il possède un gîte traditionnel, à proximité de la forêt de Brocéliande. Membre de la Guilde des Conteurs de Brocéliande, c’est un personnage haut en couleur et un conteur fascinant. Lors des veillées et des balades contées, il mélange allègrement, et avec humour, les légendes des petits korrigans et la grande histoire de la Bretagne. Bref, un passionné passionnant !

Je me suis dit qu’il fallait arrêter l’histoire locale pour reprendre les légendes, où je pouvais m’amuser complètement. La retraite arrivant, je me suis mis à m’impliquer un peu plus. Et puis je dois avoir la tête de l’emploi, les gens ont l’impression de voir un korrigan qui sort de la forêt.

L'interview

Qu’est-ce qu’être conteur ? quel est son rôle ?

Je conte depuis bien longtemps. J’ai toujours eu une passion pour l’art de la parole. La Bretagne est très riche, on a plein de choses à raconter. J’ai coutume de dire que lorsque je raconte une histoire à un groupe, je raconte autant d’histoires qu’il y a de personnes. Parce que chacun va voir l’histoire différemment. C’est ça qui est bien : l’histoire va être perçue de façon différente, suivant l’âge des personnes, d’où elles viennent…

Ce qui est intéressant, c’est d’allumer des petits cinémas un peu partout dans la tête des gens.

Comment êtes-vous devenu conteur en Brocéliande ?

J’avais organisé, il y a pas mal d’années, des balades pour faire découvrir le village. On allait dans les fermes et les ateliers, voir les artistes, les agriculteurs, les artisans… Je parlais au départ de l’histoire locale, mais je ne suis pas d’une grande rigueur, donc ça restait de l’à peu près. Je me suis dit qu’il fallait arrêter l’histoire locale pour reprendre les légendes, où je pouvais m’amuser complètement. La retraite arrivant, je me suis mis à m’impliquer un peu plus. Et puis je dois avoir la tête de l’emploi, les gens ont l’impression de voir un korrigan qui sort de la forêt.

Quelles compétences et quelles qualités sont essentielles pour être un bon conteur ?

Il faut savoir écouter, plus que de savoir parler. Et il faut écouter pas forcément les sons, mais les regards et les attitudes des gens. Parce que bien des gens essayent d’être conteurs et de raconter des histoires, mais ils perdent leur public. L’idéal c’est de le suivre constamment, d’observer, et au moindre regard qui montre qu’ils sont entrain de décrocher, il faut trouver quelque chose pour réactiver l’attention.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier de conteur ?

C’est un métier qui est super parce que l’on fait plaisir aux gens. On les fait rêver. C’est l’occasion d’aller se promener dans un monde complètement différent de leurs habitudes.

Pourquoi Brocéliande est si spécial en termes de contes et légendes ?

Brocéliande est un lieu magique, car il ramène très loin, jusqu’aux légendes arthuriennes. Ce sont des légendes qui datent d’un millénaire pour certaines, qui sont venus d’Angleterre. C’est un peu comme les grandes séries que l’on peut voir à la télévision maintenant. Tout le pays de Brocéliande, c’est aussi les légendes de « la tradition ». Ces pays sont restés un peu bloqués dans leurs traditions pendant longtemps, et ont évolué un peu moins vites que d’autres. Les récits d’autrefois permettait à nos ancêtres de sortir de leurs soucis.

J’ai tendance à conter beaucoup d’histoires là dessus : sur le monde des korrigans, des habitants de la forêt, des bûcherons, des paysans qui vivaient autour. Et de temps en temps, j’aborde aussi les grands thèmes car je vais sur des lieux un peu mythiques : comme Le val sans Retour… où on ne peut pas ne pas parler de Vivianne, Morgane etc.

Est-ce qu’il y a des thèmes récurrents que l’on retrouve dans les contes bretons ?

Tous les thèmes sont abordés. Cela dépend du conteur ou de la conteuse. Moi j’aime bien raconter des histoires qui parlent du peuple et des gens. J’aime associer l’Histoire en même temps. Avant de commencer le conte, j’ai toute une partie qui parle de l’histoire réelle pour poser le contexte.

Les contes véhiculent-ils toujours un message ou une leçon spécifique pour ceux qui les écoutent ?

Pratiquement toujours. Les gens ont tendance à dire « les contes c’est pour les enfants ». Oui et non. En fait, ce n’est pas toujours pour les enfants. Quand on regarde les grands contes, comme ceux de Grimm, on se dit que ce sont des horreurs, des histories lamentables et catastrophiques. Les contes étaient contés dans le temps devant tout le monde. Il n’y avait souvent qu’une pièce principale dans les maisons, et tout le monde était là : de l’enfant aux grands-parents.

 

Chacun prend ce qu’il arrive à comprendre des histoires. Les enfants ont une lecture très basique, les adultes en ont une à peu près complète, et les plus anciens en ont une autre avec un certain détachement de tout ça. Le conte est vraiment fait pour s’intéresser à tout le monde. Ça amène un peu de morale, ça explique des choses qu’on ne peut pas expliquer aux enfants quelque fois.

Armel Texier : conteur en Brocéliande

Retrouvez notre échange

sur le podcast Escales à l'Ouest !

Escales à l’Ouest, c’est le podcast qui vous emmène à la découverte de la Bretagne !

Gîte de France Brocéliande
Armel Texier propriétaire Gîtes de France
Gîtes de France Brocéliande
Contes bretons : Armel Texier
Gîtes de France Brocéliande
Gîtes de France Brocéliande